Être blanc à Bouaké

Être blanc en Afrique, c’est accepter d’être scruté, observé, repéré.

C’est sortir de chez soi avec un masque que l’on ne peut enlever.

C’est entendre les klaxons à chaque pas que l’on fait dans la rue.

C’est comprendre que ta peau signifie Argent, Envie, Ailleurs.

C’est attirer le regard ébahi des petits, qui ne te lâche plus une fois repéré.

C’est ne pas savoir ce qu’il y a dans son assiette, et ne pas avoir toujours envie de le savoir.

C’est répondre aux doux noms de « Toubabou ! », « Blofoué ! », « La blanche ! ».

C’est douter, à chaque achat, que l’on paye autant le fait d’être blanc que le produit voulu.

C’est s’habituer à vivre avec les nombreux muezzins de la ville et leurs haut-parleurs matinaux.

C’est se méfier de repas en repas de la dose de piment dans son plat « non pimenté ».

C’est ressentir à chaque regard que l’on est différent.

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Mais être blanc en Afrique, c’est aussi accepter d'être accueilli.

C’est être materné et guidé dans la découverte du pays.

C’est faire le plaisir des Africains quand on goûte à leurs alcools.

C’est être invité pour la simple raison que tu es venu donner du temps ici.

C'est pouvoir se lever n'importe quand en soirée et danser, parce qu'on en a envie.

C’est découvrir que l’on est bien serré dans nos convictions de français.

C’est redécouvrir le français, imprégné d’une autre culture.

C’est se sentir humain avant d’être blanc ou noir, pauvre ou riche, grand ou petit.

C’est vivre en simplicité avec ce en quoi l’on croit.

C'est vivre tous les jours en T-shirt sous le soleil chaud.

C’est entendre des chansons qui parlent de Dieu à la radio et n’importe où.

C’est vivre parmi des tenues toutes plus colorées les unes que les autres.

C’est profiter des jours fériés musulmans.

C’est apprendre la patience et redécouvrir la joie de prendre son temps.

C’est la surprise dans les yeux des enfants (et adultes !) curieux quand on leur répond.

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Être blanc en Afrique, c’est se découvrir autrement. C’est se confronter à nos étroitesses d’esprits occidentaux. C’est finalement toucher la richesse d’un monde différent.