Mission ortho #4 La Licence !
- CamilleEtPaul
- 12 oct. 2019
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 nov. 2019
Après cette petite interruption d’articles (nous étions bien occupés), nous revoici, nous revoilà pour évoquer (enfin !) la Licence en Orthophonie pour laquelle j’ai initialement été appelée ici.

C’est quoi ça ?
Cette licence a démarré en janvier 2019 avec une promo de 20 étudiants motivés. Ils sont partis pour 3 ans. 3 ans de cours, 3 ans de stages, 3 ans de découvertes pour leur donner les clés du métier et qu’ils puissent à leur tour créer l’orthophonie ivoirienne. Beau programme !
Mon rôle à moi dans tout ça ?
Je suis « Madame la Directrice Pédagogique de la Licence Professionnelle en Orthophonie ».
Concrètement ?
Au sein de l’équipe pédagogique (composée d’un psychiatre, d’une ORL et de représentants des instances en lien avec la licence) et avec l’aide des orthophonistes locaux, je travaille à ce que la licence tienne la route au niveau organisation, au niveau pédagogique, au niveau des stages, des cours, des plannings etc.
Quelques infos en vrac sur tout ça.
Pédagogie globale
En arrivant, le travail a porté sur l’adaptation de la maquette pédagogique : choisir quelles sont les unités d’enseignement à donner et pour chacune déterminer les sujets des cours. Il fallait également définir les objectifs pédagogiques de chacun de ces cours. En effet, la 1ère année particulièrement est composée d’enseignements théoriques de type neurologie, psychologie, pédiatrie etc. Ce sont des spécialistes dans ces domaines respectifs qui ont donné les cours et il était important de leur expliquer quel intérêt pédagogique avaient leurs cours au sein de la formation en orthophonie. On ne donne pas les mêmes cours de neurologie à des futurs médecins et à des futurs orthophonistes…
Dans ce travail de la maquette, on définit les UE et les cours mais également les stages : les lieux, les durées, les objectifs de stage etc. Tout cela avec les critères internationaux d’un niveau licence en termes d’horaires de cours, de crédits et d’organisation par semestre.
Et puis une fois que la maquette est fixée après il faut faire les plannings. Joli casse-tête que celui de de réaliser des plannings en prenant en compte les horaires de cours, les disponibilités des enseignants, les lieux de stages, la cohérence pédagogiques des UE et cætera. Et comme c’est pas assez drôle comme ça, les plannings sont quand même faits pour être remaniés tout le temps, (des fois que je m’ennuierai…).
Stages
Une bonne formation professionnelle c’est de la théorie bien sûr et des stages évidemment. Encore une fois, les stages pour la 1ère année n’ont pas posé de souci en dehors de questions d’organisation : il y a en Côte d’Ivoire des écoles, des PMI, des neurologues, des ORL… en capacité d’accueillir les étudiants en orthophonie en stage. La question est plus délicate pour les stages en orthophonie. Comment assurer suffisamment de stages pratiques à tous les étudiants alors que ceux-ci sont presque 3 fois plus nombreux que les orthophonistes exerçant dans le pays ?? Tout cela se réfléchit donc au fur et à mesure, avec les orthophonistes locaux. Evidemment, je prendrais également des stagiaires quand les stages pratiques commenceront (en 2ème année, donc 2020) mais il faut également gérer l’organisation globale de tous ces stages, ainsi que leur évaluation. Sur quels critères évalue-t-on un étudiant en stage d’orthophonie ? Sous quelle forme ? Que lui demande-t-on comme traces concrètes sur ses stages ? Autant de question auxquelles je suis amenée à réfléchir et permettant de créer des outils d’évaluations des stages pour les maîtres de stage et les étudiants.
Orthophonistes locaux

Ils sont au nombre de sept aux dernières nouvelles, nombre auquel on peut rajouter 2 orthophonistes volontaires : moi-même et Soline. Les orthophonistes se sont constitués en association : l’Association des Professionnels Orthophonistes de Côte d’Ivoire (APOCI). Cette association est conventionnée avec la licence pour un travail en cohérence mais ils ont également des missions de sensibilisation, de prévention, de coordination avec les pays de la région etc. Ils sont peu nombreux et ont tous une activité libérale à gérer, mais ils sont motivés et très chouettes !
J’ai également évoqué Soline précédemment. Il faut savoir que le poste que j’occupe actuellement était initialement prévu pour 2 orthophonistes (au vu de la quantité de travail à faire, c’est pas de trop). J’ai fait cette année seule car nous n’avions trouvé personne mais ouf, enfin, « Soline est arrivéééée » (c’est pas Zorro mais presque!). Elle a posé le pied sur le sol ivoirien il y a moins d’une semaine, donc elle est en phase découverte et observation actuellement mais nous allons travailler en binôme cette année. Elle va habiter sur Abidjan, avec son mari, et reprendra ma consultation de Yamoussoukro en plus d’un nouveau lieu de consultation sur Abidjan. Ces lieux serviront bien entendu de stages aussi.
Suivi pédagogique
Nouvelle formation, nouvelle promo, nouveaux cours, nouvelle organisation etc. Les étudiants sont parfois aussi perdus que nous face à toutes ces nouveautés. Un de mes rôles est également de travailler au suivi pédagogique de chacun : suivre un peu la progression de chacun, les résultats aux examens, les difficultés et les points forts. Je ne les ai malheureusement pas encore rencontrés en chair et en os mais nous avons des échanges via Whatsapp ou mail de temps en temps.
Partenariats et réseaux

Structurer l’orthophonie en Côte d’Ivoire c’est un des objectifs (énorme) de la Licence et de l’APOCI. Cela nécessite de faire énormément de sensibilisation sur les troubles du langage, de la déglutition et de la communication mais également sur le handicap, sur le développement de l’enfant et même sur des sujets qui paraissent parfois moins importants tels qu’apprendre à jouer avec son enfant ou apprendre à lui parler au quotidien, mais qui sont primordiaux au fond. Il faut également petit à petit apporter et/ou créer du matériel spécifique. Certes, on joue beaucoup en orthophonie, mais on ne joue pas n’importe comment ni avec n’importe quoi (même si on dirait pas parfois). Et enfin, pour se former correctement, c’est bien d’avoir aussi accès à des ressources spécialisées : livres, magasines, articles etc. Internet est une mine d’or évidemment mais ne suffit pas en soi pour de multiples raisons.
Tout cela (le matériel, la bibliographie, la sensibilisation) fait que le travail direct sur la Licence ne suffit pas. Un de mes rôles est donc d’aller à la recherche de partenariats et de soutiens divers pour porter l’orthophonie de manière un peu plus globale. Nous sommes en lien avec des ONG, avec des écoles d’orthophonie françaises, avec des associations étudiantes également… Autant de gens prêts à venir donner un petit coup de main : un peu de matériel, quelques bouquins, des programmes/activités de sensibilisation etc. Ces jolis projets doivent être construits ensemble et organisés, ils demandent donc un travail considérable encore!
Je rajoute aussi rapidement que les partenariats avec les écoles d’orthophonie ont aussi pour buts de nous aider à compléter les enseignements qui ne peuvent être assurés en totalité par les orthophonistes locaux, ces partenariats touchent plus directement la Licence.
Pour conclure ?
Au cas où je m’ennuierai, on n’oublie pas en plus les consultations d’orthophonie que je fais tous les matins à la Pouponnière de Bouaké, à l’Arche, au CHU ou encore à Yamoussoukro… Ces lieux serviront de stages en 2e et 3e année.
Voilà un peu les grandes lignes de la mission de Directrice Pédagogique de la Licence Professionnelle en Orthophonie. Sur le papier ça en jette (quand même), sur le terrain c’est beaucoup de travail et de nombreuses choses à penser en même temps. Inutile de dire que j’ai attendu avec impatience l’arrivée de ma collègue Soline, autant pour se répartir la charge de travail que pour avoir un autre regard sur tout ce travail déjà réalisé.
Mais c’est ce travail qui donne tout son sens à ma présence ici, c’est riche, c’est passionnant. Ce sont de nombreux challenges à relever et de belles personnes à rencontrer !

Impressive Camille... Reste zen comme sur la derniere illustration!