Les Crêpes au piment #3 Les Boissons !
- Paul Roginski
- 20 mars 2019
- 5 min de lecture
SAÏÉLEVOUALA !
C’est enfin l’heure du n°3 des Crêpes au piment spécial BOISSON !
Je vois déjà venir ceux qui connaissent mon penchant pour les breuvages alcoolisés, quand ils vont découvrir le monde dans lequel nous avons atterris... Il serait possible d’écrire des livres entiers sur les différents alcools consommés ici, notamment en ce qui concerne la guerre des marques, mais j’ai bien l’intention d’écrire un article concis (cette fois).
Alors commençons par justifier le terme générique « boisson » et abordons immédiatement tout ce qui concerne le non-alcoolisé (avec la place mineure que cela mérite en terme de découvertes).
SOFT ET COMPAGNIE
L'eau
Largement tirée du robinet, le plus souvent sans filtre, vous saurez l’apprécier avec tous vos sens : le goût bien sûr, celui de la terre décantée ; l’odorat parfois (à cause du chlore) mais aussi la vue et j’en passe… L’année passée, une pénurie d’eau terrible a atteint la ville pendant 5 mois, jusqu’à en faire parler de Bouaké dans les médias occidentaux ! https://www.la-croix.com/Monde/Afrique/A-Bouake-Cote-dIvoire-dun-million-dhabitants-nont-deau-2018-04-20-1200933386 https://www.bbc.com/afrique/region-43812724
Nescafé /Lipton
Comme dans de nombreux domaines de la grande distribution, le marché ivoirien est sur-dominé par une voire deux marques. Si vous demandez un café sans précision, vous êtes assurés de vous voir servir un Nescafé, ou un autre soluble présenté comme étant du Nescafé, alors même que le pays n’est pas en reste en termes de production de grains… De même pour le thé Lipton. J’ai bu un premier « vrai café » après presque 4,5 mois sur place, et encore, dans une autre ville que Bouaké !
Bissap et autres boissons (locales)
Le bissap est une boisson sucrée à l’hibiscus, bien connue parce que c’est bon (quand c’est bien dosé !). On trouvera souvent non loin une bouteille de « jus de gingembre », sur le même principe, mais doté en plus d’une vertu aphrodisiaque. Les ivoiriens étant ceux qu’ils sont, ils ont tendance à y ajouter du piment, histoire de rendre le breuvage plus goûtu. Pour acheter un jus de fruit, il suffit de demander un «jus naturel ». Dans les rue d’Abidjan, un type à côté d’une charrette d’ananas, pourra vous presser un jus en 1 minute. Enfin on retrouve tous les incontournables de la mondialisation, sodas dont je ne me donnerai pas la peine de citer les marques ici. Si quand même, notre voisin nous a offert l’autre jour un Orangina, parce que "quand même, c’est plus naturel que le Coca, c’est de l’orange…"
Enfin, le lait en poudre est la norme ici. Le plus célèbre :

Bon, ceci étant dit, passons à la partie (avouez le ou non) la plus attendue : la TISE.
L'ALCOOL

Je peux vous dire que je n’ai pas regretté une seconde la petite « préparation en douceur » pendant laquelle j’ai commencé à boire régulièrement un verre avant le départ. Parce qu’ici, on n’y va pas de main morte : sur les 3 premières semaines de notre volontariat, j’ai été amené à consommer en moyenne 3 doses d’alcool standard par jour (contre 0 dans mes habitudes...). On pourrait facilement imaginer que notre situation d’ « accueillis » explique grandement cette consommation effrénée, mais nous constatons petit à petit que la consommation en GRANDE quantité est d’usage pour les ivoiriens.
Mais pourquoi donc ?
Ceci s’explique déjà par les conditionnements disponibles. Tout comme les sodas, fréquemment servis en format 70 cl (contre 33 cl en France), on sert quasi-exclusivement des bières de 60 cl (pour rappel, un demi = 25 cl, une pinte = 50 cl). La bouteille coûtant environ 0,75 €……………….............................................................................................................................
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………...ZÉRO VIRGULE SOIXANTE-QUINZE EUROS.
Je ne vous refais pas le point ici sur l'énorme guerre commerciale autour de la bière, où les bons buveurs que l’on connaît peuvent boire 20 bouteilles (de 60 cl donc) en une soirée. Et pour certains, pas question de trahir LEUR marque : si tu bois Beaufort ou Bock, tu ne bois pas Ivoire comme ça. Jusqu’à en faire un principe moral assez sérieux.
Une fois par mois (voire 2 ou 3) après le Maracana (football à 6), nous vivons une "3e mi-temps". La première fois je pars le matin avec 2 poignées de cacahuètes dans le ventre pour ne pas digérer en jouant. Foot de 7h30 à 9h45, puis 3e mi-temps de 10h à ... ben disons qu’à 16h passées, après X bières servies automatiquement sans prendre un véritable repas, je me suis levé de ma chaise et j’ai profité d’un camarade qui rentrait aussi.
J’ai appris par la suite que ces « 3e mi-temps » finissent vers 22h-23h.
J’avais dit « concis » l’article, donc je vais m’y tenir pour la fin. Parlons tout de même de quelques alcools locaux.
Le bandji
C’est ainsi qu’on nomme le vin de palme dans notre région. Récolté en perçant le tronc de l’arbre, il est mis en fermentation à peine quelques heures. Consommé « frais », il vaut le détour, d’autant qu’on peut apprécier la diversité de goûts obtenus en fonction de la méthode précise de fabrication. Lorsque nous partons sur les routes de missions à moto, il arrive que nous nous arrêtions au bord de la route au bord d’un étal isolé surmonté de bouteilles de verre réutilisées, et en payions une à 200 FCFA (0,30 €). ATTENTION toutefois à ne pas confondre ces étals avec ceux (identiques à mes yeux) des vendeurs de carburants frelaté.

Et puisque l’on parle de liquide frelaté, parlons ENFIN de l’alcool maître chez les baoulés (ethnie de Bouaké). Le simple fait d’en posséder une véritable bouteille chez nous nous accorde le respect de nos amis ivoiriens, j’ai nommé : le KOUTOUKOU !
Le Koutoukou
Il s’agit de vin de palme distillé, et autant dire qu’on y casserait un alcoomètre en l’y introduisant. Il a au moins l’avantage de vous anesthésier les voies digestives supérieures pendant plusieurs minutes, ce qui facilite le passage du piment (on en revient toujours aux enjeux importants). On en trouve deux grandes version : « nature » ou « racines ». La seconde étant en réalité la dite-boisson dans laquelle on a fait infuser un certain type d’écorces ou de racines, ce qui en augmente sensiblement l’intérêt je dois dire. Les vertus associées au Koutoukou sont plus nombreuses que celles de la thériaque : creuse l’appétit, coupe l’appétit, aide à digérer, guérit les infections, aide à lutter contre le sommeil… etc. Malheureusement, en raison de son succès, la consommation du Koutoukou (originairement baoulé) se répand dans tous le pays, et on trouve de plus en plus de bouteilles frelatées dans les villes. Fort heureusement, nous avons notre fournisseur qui nous ramène le Koutoukou du village (gage de grande qualité), à 1000 FCFA le litre (1,5 €).

L’heure passe et je me dois de clore cet article, avec la frustration de n’avoir dit que peu de choses sur l’immense étendue des boissons consommées ici. N’hésitez pas à rebondir en commentaire sur tel ou tel point que vous souhaiteriez que je développe.
À très bientôt pour un délicieux numéro des Crêpes au piment
Coucou, merci pour toutes ces informations ... On ne va plus te reconnaître Paul... bon et tu bois réellement ou tu arrives à limiter un peu? Bisous à tous les deux. Véronique