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Korhogo et paludisme

Après quelques mois en Côte d’Ivoire, nous nous décidons à sortir de notre trou Bouakois (oui c’est comme ça qu’on dit) pour aller explorer un peu le pays. Récit de quelques jours à Korhogo (mars 2019 – il était temps de vous le raconter !).




Suite au we volontaires réalisé le 2-3 mars à Bouaké (voir photos), nous prenons la route avec 2 protagonistes que vous avez déjà croisés sur notre blog et que vous retrouvez encore, j’ai nommé Sully et Célia.


Mais… C’est qui eux ?

2 volontaires envoyés en Côte d’Ivoire également avec qui nous avons fait le stage de formation DCC en juillet 2018. Ils sont à Odienné, coin perdu au Nord-Ouest du pays, et sont les seuls à faire 2 ans sur la même période que nous. Ils sont respectivement infirmier et « gestionnaire de pharmacie » dans un centre de santé. On reviendra sur leur mission dans les détails puisque nous sommes allés les voir en juillet dernier. Bref, ils sont beaux, ils sont gentils, un peu cons (comme il faut quoi), ils font partie des gentils dans l'histoire. Ils viennent du Nôôôrd.




Go !

Départ donc jeudi 7 mars au matin dans une première gare (de bus) pour décoller vers Korhogo, à environ 3h30 de Bouaké officiellement. Après une attente indéterminée, nous apprenons que le bus en fait est au garage et qu’il ne va pas partir tout de suite (voire pas du tout). Direction une 2ème gare, attente encore d’1h environ et c’est parti.




Ce qu’il faut savoir c’est quand même que sur les 4 à décoller, il y en a déjà 2 de malades – bonne diarrhée comme on les aime ici, pour les Odiennéka – et je me déclarerais également (bien) malade pendant le voyage. J’ai donc assez peu de souvenir du voyage si ce n’est qu’il était très long, que j’ai dû beaucoup serrer les fesses, que je ne savais plus si je voulais vomir ou dormir ou manger ou autre. Bref, les différentes visites seront donc passées par groupes de 3, avec une alternance de personne cuvant son palu ou sa diarrhée tranquillement dans sa chambre.

Heureusement, nous sommes accueillis par des femmes en or dans un centre d’accueil de patients avec maladie mentale. C’est là que nous logeons et sommes cocoonés par Sœur Jeannine (qui gère le centre) et Marie-Eve, toutes les deux d’une gentillesse et d’une douceur assez incroyable malgré les patients difficiles qu’elles peuvent accueillir habituellement ! Ce lieu nous permettra de nous ressourcer et de soigner nos palu respectifs, dans des draps « Hôpitaux de France », tout de même.





Korhogo, c’est une ville de l’ethnie Senoufo, majoritaires dans le nord du pays. La ville est reconnue pour ses nombreux artisans qui attirent les touristes (et ça vaut le coup !). Petit tour des visites et balades.


Le Centre de Santé

Première visite, consultations médicales multiples, passage à la pharmacie puis dodo en ce qui me concerne (à 39.8 de fièvre, on a le droit). Bon Ok c'est pas le plus sympa à voir.


Le marché de Waraniéné


Donc comme je dormais c’est la visite que je n’ai pas faite alors je vais piquer sur le Blog de Sully et Célia (que vous pouvez aller voir : https://celiaetsullyencotedivoire.wordpress.com/).

« Le marché de Waraniéné, célèbre pour ses métiers à tisser et ses bijoux faits de perle (tout est fait à la main et naturel, de l’argile des perles à la couleur des peintures). »



"Petite anecdote :

Après la visite du marché, nous cherchons deux taxi-motos pour rentrer au foyer (un pour nous deux et un pour Paul) mais personne à l’horizon et plusieurs kilomètres à parcourir sous 45°C sans ombre.

Finalement, nous arrivons à attraper une moto mais comme il en fallait deux et que le chauffeur ne voulait pas attendre, il nous a proposé de nous ramener tous les trois (donc à 4 sur la moto, Sully avait la moitié du cul et les jambes dans le vide). Nous le prévenons qu’il y a des policiers à quelques kilomètres mais il nous dit qu’il assure (euh c’est à dire).

Effectivement, sur la route, à 200 m devant nous un barrage de policiers. Ça ne loupe pas, il siffle et nous fait signe de s’arrêter (bah quand même, à 4 sur une moto, dont 3 blancs, on s’en doutait un peu mais que va-t-il se passer ?!). Tout naturellement, le chauffeur accélère et fonce droit sur le policier au milieu de la route. Il s’écarte de justesse et on se souvient encore de sa tête quand il nous a vus arriver sur lui. On serrait tous les fesses ne sachant pas ce qu’il allait nous arriver, et en espérant ne pas finir au poste de police.

Heureusement il ne s’est rien passé, aucune course-poursuite, même si le chauffeur regardait derrière lui toutes les 2 minutes. Ce fut une expérience assez étrange de foncer sur un policier, à ne pas reproduire chez vous."





Le quartier des sculpteurs


Petite rue où l’on passe d’une porte à une autre, accompagnés par une tripoté de locaux (sculpteurs ou vendeurs). Les sculptures sont de toutes les tailles, faites dans la rue même, bien que nous passions en fin de journée donc personne en cours de sculpture. On y croise de nombreux masques traditionnels, chacun ayant une signification particulaire (chef de village, guérisseur, guerrier…), des petits animaux, des ustensiles type cuillère, des pipes, des organes génitaux… De tout. A noter que dans cette rue nous longeons le bois sacré dans lequel a lieu de nombreux rites d’initiations. Cette « Initiation au Poro » est réalisée par les hommes, de 7 à 28 ans, tous les 7 ans. Pour les Sénoufos, les hommes naissent en fait dans un état animal et ces rites leur permettent de passer de l’animal à l’humain. https://fr.wikipedia.org/wiki/Poro_(rituel)




La Ferme


Sœur Jeannine, gérante du centre Jubilé qui nous héberge et accessoirement plus de 80 ans, nous emmène visiter la ferme qu’elle manage d’une main douce mais efficace. Ce lieu est un endroit calme, à l’écart de la ville. Elle y fait travailler des personnes avec fragilités mentales. Le but : les former à un travail précis (réalisation de grillage, gestion d’animaux, culture…) pour les aider ensuite à s’émanciper en se mettant à leur compte. Son travail est passionnant ; une aide concrète pour ces personnes fragiles mises à part de la société et ayant un mal fou à s’y réinsérer une fois isolées.

Nous visitons donc avec notre guide bienveillant le poulailler, le potager, les cochons, la fabrication de grillage etc.






Le Beurre de Karité


Le « Korhogo Tourism Tour » continue avec la découverte de la réalisation du beurre de karité, qui nécessite de nombreuses étapes. Il faut savoir que le beurre de karité est très utilisé ici : cheveux, peaux sèches, lèvres, nez abîmés… Il est particulièrement présent dans le quotidien des femmes et des enfants ! En voici les étapes de fabrication, et évidemment, en dehors de la 1ère étape de broyage, tout est fait à la main :


1. Les graines de karité, pas plus grosses que des bonnes noisettes, sont lavées, séchées et grillées.



2. La machine permet ensuite de les concasser et broyer. Et oui, auparavant c’était aussi réalisé manuellement



3. Tout ça est ensuite torréfié et moulu jusqu’à l’obtention d’une pâte étrangement très appétissante, comme du chocolat fondu avec un peu de beurre (mais en fait non)…



4. La pâte est ensuite mélangée à l’eau et on laisse reposer. Cela permet de séparer les impuretés (qui tombent au fond) du beurre (qui reste à la surface).



5. Les femmes récupèrent le beurre et le malaxe longtemps. Cette étape est vraiment impressionnante, nos dos d’européens n’y survivraient pas !



6. Le résultat est ensuite fondu sur le feu et filtré pour éliminer les impuretés encore présentes



7. On laisse ensuite le beurre re-durcir et voici le beurre de karité tel qu’il est utilisé ici – 2000 F (soit 3€) le kilo…


On oubliera pas de préciser qu'ici rien n'est inutile : on récupère les déchets et impuretés non utilisés. Séché, cela sert de combustible pour la ère étape.


Malheureusement, après tout ça, le beurre est souvent ensuite acheté par des grosses productions (pas forcément africaines), qui le transforme elles-mêmes encore et le revendent extrêmement cher en Europe ou ailleurs… M’enfin ce sont quand mêmes toutes ces femmes qui le produise au quotidien et dont le revenu dépend des cours de cette « matière première ».


Le Mont Korhogo


Dernière exploration avant le départ, et pas des moindres, la première « randonnée » effectuée en Côte d’Ivoire depuis notre arrivée. Au moins 20 minutes de montée hein ! (Enfin 10 minutes avec Sully qui court devant – pressé ou diarrhéique ? nous ne saurons jamais…). Ce mont surplombe la ville et permet, au coucher du soleil, d’en avoir un magnifique point de vue. Vous remarquerez également comme le paysage est plat autour en dehors de quelques monts sortis de nulle part. Ce type de paysage est fréquent de ce côté du pays.



Et voilà pour cette chouette excursion ivoirienne ! Entre les maladies, les visites et les trajets ces quelques jours resteront mémorables. A tel point que, [Spoiler Alert] nous réitérerons les vacances avec cette troupe de volontaires quelques mois plus tard et à nouveau par la suite on espère !



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